Pour une voix inoubliable : chante vrai
- Juni Grip
- 4 mars
- 4 min de lecture
Ce qui émeut, c’est la vérité.
C’est ta voix, libre et nue, avec toutes ses aspérités.
Combien de fois m'a-t-on dit : ta voix m'a caressé le cœur, traversé et touché l'âme. Et pourtant, je ne suis en rien une chanteuse de renom, ni professionnelle, ni spéciale.
Je te partage ici les découvertes et astuces trouvées sur le chemin de ces dix dernières années de chant quotidien :
Plutôt qu'un acte à réussir, je vis le chant comme une dissolution du personnage en ondes sonores. Comme une invitation à habiter l’informe, l’intemporel et l’illimité qui m'anime.
En m'abandonnant au chant, je remarque que le son est partout, vibrant autant à l'intérieur de mon corps qu'à l'extérieur... rebondissant sur les parois de la pièce ou caressant l'écorce des arbres qui m'entourent.
La différence est nette : tu l'as peut-être déjà remarqué ? Quand on est dans le personnage, il y a analyse, volonté, contraction. Mais quand on s’abandonne… c’est autre chose qui chante. Tout se relâche, s’ouvre, et le chant surgit du tout.

Pour ma part, c’est une danse constante entre ces deux états : l'ego et le divin.
C'est à force de lâcher, lâcher encore, faire confiance à sa voix, à son corps, à la nouveauté de l'instant, que le chant prend sa source dans des profondeurs toujours plus surprenantes de l’être. Le plus étonnant, c'est que lorsqu'on est dedans, il n'y a plus personne pour juger, pour dire si c'est beau ou mal chanté. Ce n'est qu'après l'acte que l'on ressent la détente, ou que le public relate son ressenti de ce qui a été offert. Quand on lâche totalement, on entre en yoga, en union. Et c'est dé-li-cieux.
D'ailleurs, as-tu déjà cherché la source du son que tu produis, en chantant ? As-tu déjà suivi le son à rebours, remontant son cours jusqu'à son origine ? C'est un fabuleux exercice si un jour tu veux essayer.

Des exercices pour une voix inoubliable et libre
Je te partage quelques pistes découvertes en chemin. Elles peuvent contredire des enseignements plus courants. Prends ce qui vibre pour toi :
1. Avant de chanter, échauffe-toi jusqu'aux racines
Inspire lentement par le nez, sens tes côtes s’ouvrir comme des ailes.
Imagine que ton souffle visite le puits le plus intime en toi, qu’il prend naissance dans tes racines les plus profondes.
Expire, comme si tu voulais faire de la buée sur un miroir. Resserre légèrement le fond de la gorge (façon ujjayi) et souffle doucement par la bouche en serrant tes lèvres autour d'une paille imaginaire.
2. Présence plutôt qu'image
Ton apparence est déjà parfaite. Yeux ouverts ou fermés, en pleine grimace ou neutre, statique ou en mouvement… peu importe. Ce qui te rend unique ne peut transparaître que si tu autorises ton expression à être totalement libre. Concentre-toi uniquement sur le ressenti du chant en toi et laisse cela guider chaque son et chaque mouvement. Tu peux t'entraîner chez toi en chantant avec de l'exagération. En sautillant comme un singe, en pleurant les paroles comme une madeleine. En jouant l'expression la plus démesurée de chaque son. Qu'est-ce qu'on se sent bien après !
3. Chanter comme si toute la pièce et les personnes dedans étaient "toi"
Pour lâcher la peur du jugement, j’aime imaginer que, comme dans un rêve, tout est moi. Le paysage, les spectateurs, le son, le ressenti, les bruits environnants… Tout est une création rêvée de la conscience. Il n’y a personne d’autre. Dans ce contexte, il m'est plus facile de me lâcher comme je le ferais en voiture ou sous la douche.
Et il semblerait, au vu de la nature identique des retours que l'on me fait à chaque concert, que c'est ce lâcher-prise, ce chant libre et savouré, qui touche tant les "spectateurs".
4. Offrir plutôt que performer pour chanter vrai
Ton chant est un cadeau. Que l’audience l’accueille avec joie ou critique, peu importe : ce qui compte, c’est que tu as offert quelque chose de sincère et entier.
Par cet acte d'offrande, tu acceptes peu à peu : de ne pas contrôler comment le son traversera ton être, ni comment il sera reçu. Tu donnes, simplement, et cela suffit.
Finalement, par le chant, tu apprends la recette du détachement heureux. Un pilier fondamental du yoga.
5. Chercher l'origine du son
Chante en remontant le son à sa source. Où naît-il en toi ? D’où vient-il vraiment ? Suis-le, de sa source jusqu'à son épuisement et son retour au silence. Tu verras bien ce qui se révèle à toi.
6. Chercher "qui" chante vraiment
Chanter est une offrande. L'offrande de quelque chose qui ne nous appartient pas.
Après tout, qui peut "contenir" du son et dire : cela m’appartient ? Un CD ne produit aucun son en tant que tel. Un instrument ne produit pas de son sans l’intervention d’un souffle, d’un geste.
Alors, qui donne, en réalité ? De qui provient le son s’il ne provient pas d’un personnage mental ?
Des voix imparfaites qui ont bouleversé le monde
Édith Piaf : Une voix parfois tremblante, brute, mais chaque mot portait une émotion à l’état pur.
Leonard Cohen : Une voix grave, presque parlée, mais chaque chanson résonnait d’une profonde vérité.
Janis Joplin : Une voix rauque, imparfaite, mais une expression totale de son être.
Billie Eilish : Un chant souvent murmuré, intimiste, loin des standards classiques de la puissance vocale, mais qui touche profondément.
Eddie Vedder : Une voix rauque, parfois brisée, mais une profondeur d’âme indéniable.
Florence Welch (Florence + The Machine) : Une puissance brute, imparfaite, mais un lâcher-prise total dans l'interprétation.
Conclusion : chanter pour être, et non pour plaire
Que ta voix soit vivante, vulnérable, puissante ou fragile. Laisse-la retentir, soutenue par un souffle régulier, qui sirote du prana par-ci par-là. Entre les mots et les élans de présence.
C’est ainsi que ta voix deviendra inoubliable.
Si tu souhaites explorer ta voix dans un espace bienveillant ? Rejoins nous pour le Cercle de chants Kirtan du Dimanche 16 Mars à Villeneuve-Loubet ! Détails par ici : https://www.junigrip.com/events/chants-kirtan

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