Cette chute excitante qu'on appelle "tomber amoureux".
N'est-elle pas intense ? Comme une "love drogue", un cocktail d’émotions, de sensations et de pensées exaltantes qui se manifeste « quand nous sommes amoureux ». A l'approche de la Saint-Valentin, partout où le regard se pose, on est rappelé de cet état. Et la question s'invite : Suis-je amoureux·se ? Avec la vie, le couple dans lequel je suis ou avec moi-même ? Suis-je animée par cette lovedrogue ?
Quand la foudre de l'amour romantique nous frappe... les symptômes se ressemblent souvent :
LOVEDROGUE (Attention : Haut Potentiel Addictif)
Symptômes et effets secondaires :
Envie irrépressible de donner : cadeaux, gestes, écoute profonde, attentions, surprises
Perception plus vive et joyeuse de la vie : tout semble plus ouvert, plus vibrant, planant
Indulgence accrue : une capacité infinie à soutenir et accepter l’autre tel qu’il ou elle est
Joie contagieuse qui pousse à rire, à partager, à briller socialement
Énergie décuplée et créativité débridée : écrire, peindre, cuisiner des plats colorés et gourmands, ...etc
Une sensation d’invincibilité, de plénitude et de puissance
Effets secondaires :
Révélation des ombres en soi et en l’autre (dans le but de les transmuter en légèreté)
Dépendance reposant entièrement sur les épaules d'un être séparé
Plénitude durant entre 6 mois et 3 ans, générant un état de manque et une quête de renouveau
D'où vient ce besoin d'être comblé par un grand amour romantique ?
"Toi et moi, on ne fait qu'un". Avec qui avons-nous vécu cela... bien avant l'amant ? Avec maman, n'est-ce pas ? Flottant au creux de son bassin. Bercés par les ondes d'une douce voix portée par les vagues amniotiques.
Puis vient la grande séparation de ce chaleureux berceau. La gravité, le déchirement de l'air qui pénètre dans les poumons. Rassurés, portés, nourris au sein, affectionnés, choyés (pour les plus chanceux). On retrouve un sentiment d'unité. Bien que fractionné selon des possibilités de maman.
C'est à une période plus ou moins précoce de l'enfance qu'un mental se manifeste et constate une incohérence. Tout ce qui était pris pour soi et extension de soi est remis en question. Je pense : "manger". Mais cela ne vient pas au moment où je le demande. J'exprime avec tyrannie "tendre câlin !", mais mon désir semble demeurer inassouvi. Il y aurait donc deux volontés distinctes ? Un "moi" et un "reste du monde" parfois hostile à mes besoins ?
Naît alors le bal masqué des danseurs siamois, comme les deux faces d'une même pièce : le rêve de séparation d'un côté et le rêve d'union de l'autre.
Donc le moteur de notre quête d'union serait un sentiment d'incomplétude.
Pourquoi la vie propose-t-elle une aventure pareille ?
Tout comme certaines expériences initiatiques — qu’il s’agisse d’une épreuve sportive ardue propulsant l'être dans un état de grâce, d’une retraite spirituelle aux plantes médecines ou d’un accident nous faisant frôler les portes kaléidoscopiques de l'au delà —, tomber amoureux nous donne un aperçu de la "vérité".
Elle nous comble temporairement.(Comme un parent pose temporairement des roues de stabilisation sur le vélo de son petit.) Non pas dans le but de nous duper, mais dans le but de nous accompagner vers notre éveil et notre indépendance.
L'état amoureux permet de réaliser le vrai en goûtant le faux
La vie est bien faite. Comme un enfant qui apprend par erreur, nous découvrons l’Amour Absolu en goûtant à tout ce qu’il n’est pas.
La relation passionnelle qui nous gonfle de désir puis nous déchire.
La relation platonique à forte intimité émotionnelle et basse résonnance sexuelle.
La relation polyamoureuse qui se divise et se multiplie.
...etc.
Au final, toutes les traditions spirituelles — du yoga au bouddhisme en passant par le non-dualisme — nous rappellent que l'attachement à un objet extérieur pour nourrir notre état intérieur nous expose à l’instabilité. Les relations évoluent, les circonstances changent, et notre bonheur vacille avec elles.
Attacher son bien-être à l’autre, c’est construire un château de sable sur une plage venteuse.
Naissance du soi...
Naissance de l'univers...
Depuis le big bang, qu'il soit interne ou externe, tout est en expansion constante.
On sait qu'il est impossible de séparer des teintes de peintures une fois mélangées. De la même manière, nous ne pouvons retrouver l'amour uni du fœtus en sa maman une fois nés. La réponse au vide intérieur que l'on ressent tous ne réside pas en l'attachement à un autre être humain. Bien sûr qu'on peut nourrir notre bien-être par le lien social, mais la plénitude absolue, celle qui comble pour toujours, celle-là, se trouve quelque part de bien plus proche... et intangible.
Où est l'amour absolu s'il n'est pas en l'autre ?
Les sages ne nous parlent jamais d'un endroit ou d'une personne, mais d'un état de détachement.
A ne pas confondre avec "indifférence".
Détachement = divorce conscient avec le fruits de ses actes.
Abandonner ses désirs, ses quêtes et par conséquent : ses résistances à l'instant présent.
Nait de cette posture une fluidité désintéressée. Les relations deviennent des sanctuaires d'intégrité où personne n'est "utilisé" pour arriver à des fins (combler des manques, gonfler des égos, remplir des comptes en banque, rassurer des enfants intérieur blessés...).
Bien qu'invisible, cette énergie relationnelle détachée est ressentie par ceux qui ont la chance de la recevoir. Il y a quelque chose de léger, pure et entier en cette vibration.
Explorons le goût qu'aurait une relation amoureuse sans attachement.
Certains se disent comblés par le polyamour, ou le couple ouvert. Divisant leur temps entre une vie professionnelle effrénée façon 21ème siècle, une vie sociale, familiale, un jonglage de plusieurs amants parfois -avec ou sans- une relation socle, le tout saupoudré de sorties culturelles et de loisirs. Pfiou... fatiguant.
Certains savourent la relation comme commodité que l'on peut acheter sur une application lorsque la faim toque à la porte et les noeuds d'estomac réclament un contact affectueux. Pratique... mais est-ce suffisamment profond pour nourrir l'âme ?
Quelles que soient les liens que l'on propose, aussi novateurs ou ancestraux qu'ils soient... ne sont que des patches temporaires sur un fond de panier à tout jamais troué.
A mon sens, ce sont les rares sages qui expriment avec sérénité : que sans attentes ni attachement, l'amour véritable se réalise, desquels on pourrait s'inspirer. (Plutôt que les roms coms et publicités de parfums).
Inspirons nous de ceux qui disent et vibrent que leur amour est une fleur immaculée poussant sans terre ni goute d'eau. Une fleur qui parfume l'air sans le moindre effort.
Ces gens là ne courent pas les rues. Mais "Seek and you shall find" / "Cherchez et vous trouverez".
Gage de qualité : ces âmes ne te réclament rien. Ni gratitude, ni cadeaux, ni paiement, ni témoignages, ni aide.
L'âme débordante d'amour est si baigné de complétude que l'offrande est pour elle comme la photosynthèse l'est pour les plantes. Spontanée. Libre. Et sans pensée quelconque.
Le catch.
La réalisation de cet amour ne se commande pas. Tel un fruit mûre, elle n'atteint son apogée que lorsque les conditions se réunissent pour. Des conditions hors de la portée du personnage que l'on croit être.
C'est là que nous est demandé la patience, la discipline et la foi. De continuer à vivre le détachement bienveillant. En attendant notre propre floraison.
Cela dit, il y a de délicieuses pratiques à savourer pour s'en approcher au quotidien :
Cultiver l'Amour au Quotidien
Aimer et masser sa propre essence : Comme évoqué plus haut, l'amour que tu cherches à l'extérieur est en toi. Quand tu tombes amoureux ou amoureuse, tu révèles cette part de toi-même oubliée. Et si tu tombais amoureux ou amoureuse de ta propre essence. Lui offrant des compliments, des encouragements, des temps d'écoute, comme des tendres petits massages au cours de la journée ?
Pratiquer le silence et l'introspection : L'amour durable naît de la compréhension du mécanisme de tes pensées, croyances et émotions. Lorsque l'illusion "du personnage agissant" est démasqué. La vérité te sou-rit au nez ;) Pour arriver à cette réalisation, le silence et l'observation sont clés. Installes-toi confortablement et écoute ton être. Tu peux même lui poser des questions, et laisser les réponses émerger du silence intérieur :
Qu'est-ce que l'amour ?
Suis-je l'amour ?
Où est l'amour ?
Cultiver l'amour dans chaque action : C'est ce qu'on appelle le Karma Yoga. Où chaque acte est réalisé sans la moindre attente de réciprocité et sans le moindre attachement au résultat ou au fruit de l'action. Tout geste, note de voix, repas cuisiné, ami écouté, pas marché, fenêtre contemplée : devient une offrande, un acte d'amour.
Accepter l'impermanence : L'amour romantique change, mais l'Amour véritable reste. Ce n'est pas un attachement passager, mais une présence, une qualité d'être absolument atemporelle. Plus tu danses avec le changement, rigolant des scènes qui se métamorphosent sous tes yeux, plus l'état amoureux se libèrera de ton cœur, comme le parfum d'une rose lorsque ses pétales s'ouvrent.
Le Chemin Vers un Amour Durable
Le yoga et les traditions spirituelles enseignent nous nous relions à notre essence, plus l'amour authentique — pour soi, pour les autres, pour la vie — émerge naturellement. Paradoxalement, c'est souvent là que les plus belles relations externes se manifestent aussi.
Alors, aimons, vivons, rions. Tombons amoureux ou amoureuses mes soeurs et frères, brûlons-nous les doigts encore et encore, jusqu'à ce que l'évidence brille sous nos yeux. Que ce que nous cherchions à travers l’autre, été là tout du long.
Une de ces âmes débordantes d'amour m'a un jour dit... alors que je le questionnais sur l'amour absolu... "Comment as-tu réalisé cet état ? Cet amour plein ?" ... "I gave so much love to my heart guru, that he cleared all ignorance and revealed divine truth". ( J'ai donné tellement d'amour à mon cœur qu'il a dissout toute ignorance et révélé la vérité profonde).
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